La libéralisation croissante des marchés dans les pays du Sud et l’abandon des principaux instruments de politique de soutien à l’agriculture, ont conduit à une mise en concurrence accrue des agricultures paysannes des pays en développement avec celles des pays dits industrialisés, qu’exacerbent les politiques de subvention et soutien à ces agricultures dans les pays occidentaux. Au sud, les productions locales et paysannes de lait, céréales ou volailles, pour ne citer qu’elles, sont particulièrement impactées par cette concurrence. Au Mali par exemple, 90% de la consommation nationale repose sur du lait importé de l’Union européenne, vendu 30% moins cher que celui produit localement (1). Sur les marchés locaux et de surcroit internationaux, les paysans, nombreux et dispersés, font également face à des acteurs dominants (commerçants, intermédiaires locaux et internationaux, agro-industries, centrales de supermarchés, etc.) qui contrôlent les marchés et filières de matières premières agricoles. L’exemple du cacao est dans ce domaine emblématique : deux fabricants de chocolat de couverture contrôlent plus de 60% du marché, et 65% du marché mondial des produits et confiseries à base de chocolat est aux mains de dix fabricants aux marques internationalement connues ! Des agro-industries, locales et internationales, et la grande distribution parviennent aujourd’hui à imposer les prix, de même que des exigences élevées en termes de volumes, de standardisation et de traçabilité, qui fragilisent d’autant la place des agricultures paysannes dans les filières agricoles et d’élevage. Ces logiques économiques s’accompagnent d’impacts environnementaux, économiques et sociaux négatifs : elles reposent encore trop souvent sur une exploitation non-durable des ressources naturelles des écosystèmes et une répartition inéquitable de la richesse créée au sein des filières, enfermant la grande majorité des familles paysannes du Sud dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire.